Le 21 février 2025, la préfecture de la région Rhône-Alpes à Lyon a accueilli la reprise du Beauvau des polices municipales, un événement attendu par les 28 000 policiers municipaux de France. Bien que cette relance soit saluée, les résultats de cette première réunion axée sur les prérogatives et les moyens des polices municipales ont laissé un goût d’inachevé.
Le ministre délégué à la sécurité du quotidien a adopté une approche prudente concernant l’extension des prérogatives judiciaires, appelant à rester pragmatique. Cette position reflète la complexité du débat sur le statut des policiers municipaux. La Fédération Nationale des Policiers Municipaux de France (FNPMF) s’est notamment opposée au statut d’Officier de Police Judiciaire (OPJ) tel que proposé dans la loi Pauget, craignant qu’un statut d’OPJ sans réels pouvoirs ne génère frustration et incompréhension et rappelé que 80% des postes sont dirigés par des BCP qui seraient exclus de fait. En alternative, la FNPMF propose le concept d’Officier Judiciaire de Police Municipale (OJPM), inspiré du modèle des officiers judiciaires de l’environnement.
Les nombreux élus présents ont, en grande majorité, confirmé qu’il était évident que les pouvoirs des PM devaient évoluer en termes de prérogatives. Ils ont cependant insisté sur la nécessité d’adapter ces changements aux spécificités de chaque commune et sur l’importance de préserver le principe de libre administration des collectivités locales.
Les discussions ont également mis en lumière les réticences de certains spécialistes des forces étatiques face aux avancées technologiques potentiellement bénéfiques pour les polices municipales. Une liste des technologies interdites par le legislateur a été présentée (Drone, IA, caméra embarquée), sans toutefois proposer de solutions alternatives, laissant un vide dans les perspectives d’évolution.
Une liste des technologies interdites par le legislateur a été présentée (Drone, IA, caméra embarquée), sans toutefois proposer de solutions alternatives, laissant un vide dans les perspectives d’évolution.
Le thème des fichiers a également été évoqué par un expert des forces étatiques. Cependant, aucune annonce significative n’a été faite. Les points soulevés étaient principalement des évidences déjà connues, n’apportant pas de réelle valeur ajoutée au débat en cours
La prochaine étape du Beauvau se tiendra le 4 mars à Metz, centrée sur le volet social, un sujet prioritaire pour les policiers municipaux. Cette réunion sera cruciale, les attentes étant élevées concernant les retraites, les conditions de travail et la reconnaissance professionnelle, des préoccupations qui surpassent la question des prérogatives qui risqueraient de ne pas trouver écho auprès des agents sans l’obtention d’un volet social digne de ce nom.
Malgré les espoirs suscités par la reprise de ce dialogue, la première session n’a pas répondu pleinement aux attentes, se cantonnant souvent à des évidences plutôt qu’à des propositions concrètes. La présence continue de la FNPMF lors de ces discussions témoigne de l’importance accordée à ces négociations par les représentants des policiers municipaux.
L’enjeu des prochaines réunions sera de dépasser les constats pour aboutir à des mesures tangibles, répondant aux besoins réels des agents sur le terrain, tout en équilibrant les aspirations à de nouvelles compétences avec les impératifs de formation et de responsabilité.

