Cher(e)s collègues agents de Police Municipale
C’est en mon nom propre que je vous écris aujourd’hui et non pas en tant que président de la FNPMF, j’ai voulu me démarquer afin de vous délivrer un message différent de ce que vous pouvez lire d’habitude. Mes propos vont donc engager que moi et ceux qui y adhéreront.
En cette période de discussions et de négociations avec les différentes instances gouvernementales, dans le but d’obtenir une revalorisation sociale fondamentale et la prise en compte des primes de l’agent de Police Municipale dans le calcul des retraites, il me devenait essentiel de vous adresser ce texte. L’heure étant grave, les faits d’actualité terribles dont la France a encore une fois été la victime ne concourant pas à une stabilité et une continuité de ces discussions. Lors de mes diverses réflexions quant à la rédaction de cette lettre, je me devais de vous indiquer qu’une seule référence ne cessait de résonner en moi et vous la reconnaîtrez sûrement rapidement au gré de cette lecture. Certain(e)s se diront sûrement que les différents messages transmis au sein de ce texte sont forts et peuvent être lourds de portée mais, je pense sincèrement mes cher(e)s collègues, agents de terrain, œuvrant quotidiennement sur la voie publique, qu’est enfin venu le temps d’aller de l’avant. Pour ce faire, cependant, comme a pu le déclarer Émile Zola en son temps, au sein d’une publication du quotidien “L’Aurore”, j’accuse !
J’accuse ceux d’entre vous, réclamant chaque jour à plein poumons une avancée sociale concrète tout en ne favorisant pas la mise en place de celle-ci. Celles et ceux à la critique facile, revendiquant uniquement le fait que les syndicats ou les fédérations telles que la nôtre ne servent à rien et n’agissent pas pour l’intérêt collectif. À ces mêmes critiques, je vous réponds qu’il est aisé de tenir de tels propos, dans son coin, à l’abri des regards mais également que ces mêmes personnes ne proposent tout simplement rien en agissant de la sorte. Un collectif pèsera toujours plus qu’une seule personne, cela va de soi. Il serait donc temps que vous ouvriez les yeux et que l’ensemble des policiers municipaux de France se rassemble et ne fasse qu’un. J’entends déjà certain(e)s d’entre vous scander votre refus d’adhérer à des organisations telles que la nôtre, en indiquant ne pas vouloir dépenser le moindre centime mais, comprenez bien que cet argent ne permettra qu’une seule chose : subvenir aux frais de déplacement des représentants mouillant quotidiennement le maillot pour l’intérêt collectif et surtout le vôtre !
J’accuse les collègues qui se sentent investis d’une mission divine dès lors qu’ils revêtent leurs équipements, de se sentir plus proches de la police nationale que de leurs propres collègues, ne vous leurrez pas, vous n’obtiendrez pas plus de reconnaissance du côté des forces étatiques. Sachez que les prérogatives que vous appelez de vos vœux ne serviront qu’à soulager les OPJ et APJ. Bien sûr, nous avons besoin d’outils supplémentaires pour travailler, c’est évident, mais nous devons d’abord faire front pour obtenir cela, à commencer par le social. Si vous n’êtes pas d’accord avec ça, je vous le dis sans aucun état d’âme, vous vous êtes tout simplement trompé de métier !
J’accuse certains anciens militaires et anciens gendarmes, dont je fais partie, de ne pas se sentir concernés par le régime de retraite actuel de la police municipale. En tant que policiers municipaux, il est important de l’assumer et de travailler ensemble pour renforcer l’esprit de corps et le sentiment d’appartenance à notre entité spécifique qu’est la police municipale.
J’accuse certains policiers municipaux travaillant dans de petites structures, éloignées de la délinquance quotidienne à laquelle sont confrontés des milliers de policiers municipaux, de ne pas se sentir concernés. Il est important que tous les policiers municipaux se mobilisent et s’engagent pleinement dans la construction de leur avenir professionnel et, de fait, dans la construction de leur retraite.
J’accuse certains syndicats, qui semblent privilégier leurs intérêts personnels, de critiquer la création d’un front uni pour défendre nos droits. Il est temps de mettre de côté nos différences et de nous unir pour faire avancer notre profession. Heureusement, d’autres saluts le travail même s’ils ne s’allient pas.
J’accuse certains cadres, certains chef de service, certains directeurs et directeurs non statutaires d’empêcher, par pression ou autre, leurs agents de se syndiquer ou de participer à des mouvements de protestation, pourtant nous sommes en démocratie.
J’accuse l’AMF de bloquer les avancées sociales des policiers municipaux, ils sont pourtant engagés par près de 4500 maires en France pour assurer la sécurité de leurs administrés, souvent au péril de leur intégrité physique. Tous méritent d’être récompensés à hauteur de leur engagement.
J’accuse le gouvernement de traiter les policiers municipaux comme étant la cinquième roue du carrosse de la sécurité publique, pourtant ces agents courent les mêmes risques que les forces étatiques, ils côtoient la même délinquance, leurs enfants se font aussi traiter d’enfants de flics avec mépris dans les cours d’école. Beaucoup sont obligés de vivre loin de leur lieu de travail. Tous engagent leur responsabilité pénale au quotidien tout en sachant qu’en cas d’erreur, ils ne pourront pas faire machine arrière et peuvent perdre leur travail en un claquement de doigts.
Les considérer comme policiers quand vous en avez besoin et comme de simple employés de mairie le reste du temps n’est plus possible. Un technicien, un administratif peut se tromper dans l’exercice de ses fonctions et recommencer, il ne risque pas de se retrouver devant le procureur de la république.
Enfin, j’’accuse certains maires de communes touristiques, d’employer des saisonniers et de leur faire porter l’uniforme de la police municipale, ce qui comporte des risques importants. De même, certains maires font appel à de vrais policiers municipaux pour des tâches qui ne relèvent pas de leurs compétences ou des ASVP pour faire le travail de la police municipale. Ces pratiques nuisent à l’image de notre profession et entravent notre progression.
À toutes et à tous je dis qu’il n’est pas encore trop tard, réagissez ! Ouvrez les yeux, les syndicats les associations, la fédération nationale des policiers municipaux ne peut rien faire sans vous, vous êtes responsables de votre avenir même si cela semble loin pour certains. Vous vous remercierez un jour d’avoir contribué aux avancées sociales enfin obtenues. J’y crois ! Ensemble nous sommes plus forts !
Si vous pensez avoir la reconnaissance que vous méritez, restés comme vous êtes, sinon, indignez-vous !
Thierry COLOMAR
Brigadier-chef principal de police municipale
Contact : thierry.colomar@fnpmf.fr
Cosignataires :
Philippe POUPEAU, directeur principal de police municipale
David QUEVILLY, Brigadier-chef principal de police municipale